Nous avons reçu un message de l’association «Estudiantinerie» au sujet du tableau « l’Homme au Béret » ou « La Faluche » :

     «  Bonjour, je viens de découvrir votre site et tout particulièrement le portrait de l’homme à la faluche datant de 1927. Je suis le vice-président de l’association Estudiantinerie qui a pour vocation de fédérer des passionnés des folklores étudiants. Est-il possible d’avoir quelques informations complémentaires sur cette toile ? (Dimensions, Sujet, Éléments de contexte avec ce tableau, Visible dans un musée….). Vous remerciant vivement pour les éventuelles informations que vous pourriez nous communiquer. Bien cordialement. Hervé G.»

D’abord toutes nos excuses Hervé pour ce retard à vous répondre…

     Dans cet autoportrait, huile sur toile (0,73 x 0,60 m), Antony TRONCET apparaît les traits tirés, des cernes sous les yeux, une barbe mal taillée, les épaules basses, les mains jointes et… un mégot au coin des lèvres. Il est coiffé de cet étonnant béret, cette faluche qui pourrait témoigner d’une appartenance à une association ou une société comme on disait à l’époque.

     Je ne pense pas qu’il y ait un rapport avec des manifestations d’étudiants. En 1927 Antony a 48 ans, et  il ne participait pas, même pendant la période des Concours de Grand Prix de Rome (1902 à 1909), aux festivités ou célébrations traditionnelles des étudiants des Beaux Arts. Il fréquentait plusieurs cercles artistiques dont il était membre mais ne portait pas de tenue particulière.

     Lors d’un autoportrait, l’artiste est à la fois le peintre et le sujet. Les heures de pose au miroir sont l’occasion d’une longue introspection, d’un dialogue avec son moi profond, les yeux dans les yeux. 

Le regard d’Antony en dit long et il est clair qu’il nous invite à partager sa méditation et sa mélancolie.

             Ce zoom sur le regard fait apparaître la touche et le travail des couleurs.

     La composition du tableau est très simple et efficace : le sujet est presque adossé à un mur. Pas de profondeur de champ, Antony est « planté » là, devant nous, on a l’impression qu’il est presque hors du tableau, avec nous. 

Son regard nous suit où qu’on soit.

     Il est un spécialiste reconnu des mains. Celles-ci sont encore très réussies, on les croirait vivantes, mises en valeur par le rendu de la carnation tranchant avec le noir du vêtement, et par les détails des veines et des doigts.

    Vraisemblablement le peintre sort d’une de ses périodes de grande fatigue, Antony est sujet à des problèmes respiratoires associés à un terrain un peu dépressif. Comme le lui disait la "Divine"  Julia BARTET  : "vous êtes encore en mineur"...  De plus il s'investit dans son oeuvre jusqu'à l'épuisement.  Après une période de repos, il est fort probable qu’il se remet à travailler avec son modèle le plus disponible : lui-même.  Cette « thérapie » a dû lui être plutôt bénéfique puisque la même année, il signe des œuvres très remarquées dont le « Nu Réticent » qui sera acheté par monsieur Maurice ROSENTHAL ( galeriste parisien très en vogue ), « Sortie de Bain » et « Crépuscule » commentés par les critiques d’Art :  «… quant à la gracieuse Muse des bois de TRONCET, elle rappelle le genre d’HENNER », « …d’une pâte et d’un dessin splendide ».

                                            

      Enregistré au Salon de 1927 sous le titre « l’Homme au Béret » N° 1930,  Antony et son portrait sont rapidement cités dans les articles de la presse spécialisée. Etre remarqué et «nominé» par les critiques d’Art contribue à asseoir sa notoriété : « Antony TRONCET, remarquable dans un portrait d’homme traité à la manière des maîtres du XVI ème siècle », «une nouvelle effigie d’Antony TRONCET, par lui-même, toile de style classique, sobre comme celle de SABATTE, de haute valeur artistique », « … et un sévère portrait d’homme par TRONCET constituent les morceaux les plus satisfaisants de ce groupement… »   

      Alors, quel message le peintre cherche-t-il à nous adresser, quel sens donner à la signature, à la symbolique générale du tableau et aux petits détails particuliers évoqués par quelques accessoires, pourquoi ce mégot (il ne fumait pas), et ces tableaux au mur aussi flous qu’évocateurs ?...

     Chers amis lectrices et lecteurs du site d’Antony TRONCET profitez de la rubrique « contactez-nous » pour livrer votre ressenti, vos émotions, vos remarques engendrés par votre dialogue avec cet autoportrait plutôt original…

                                                                                                           Une étude préparatoire au tableau

                                                                                                                                                     ML